En effet, comment le solaire a-t-il pu connaître un tel essor dans un pays qui n’est pourtant pas le plus ensoleillé d’Europe ?

Le solaire comme stratégie politique bien rodée

Développer le secteur des énergies renouvelables s’est présenté comme l’alternative idéale dans un pays en proie à de nombreuses difficultés socio-économiques. L’Allemagne, il y a trois décennies, c’est un fort endettement public dont l’origine réside dans d’exorbitants coûts de réunification, un taux de chômage à hauteur de 11% et une délocalisation massive des industries. Il s’agissait alors d’opérer une grande restructuration du pays et de gagner en compétitivité. Le photovoltaïque se présentait donc comme une opportunité de cibler une niche, d’en devenir la référence par l’acquisition d’une expertise et de s’imposer par ce biais sur le marché mondial. Economiquement parlant, tout part de cette stratégie initiale.

Mais ce qui a fait la prospérité de l’Allemagne dans le secteur par rapport à d’autres nations sont les moyens mis en place et les stratégies annexes adoptées tout au long du processus de développement. Ainsi, nous savons que l’Allemagne est le pionnier de ce qui est aujourd’hui un principe fondamental dans le secteur du renouvelable : les subventions pour les énergies renouvelables. La subvention développée par les Allemands en 2000, nommée Erneuerbare Energien Gesetz s’est avérée devenir la subvention la plus efficiente au monde pour accélérer la démocratisation des énergies renouvelables. Il s’agit d’ailleurs désormais de la forme de référence en vigueur des tarifs d’achat, alors utilisée dans plus de 50 pays dans le monde.

Une des autres clés du succès est bien la visibilité que l’on a donné à l’investissement photovoltaïque. Une visibilité mieux gérée en Allemagne que chez ses autres voisins européens, car le pays a d’avantage intégré la nécessité de publiciser un produit aussi technologique et innovant. De cette manière, les énergies renouvelables suscitent bien plus d’investissements en Allemagne malgré un tarif d’achat plus bas.

Par ailleurs, ce revirement énergétique est aussi le fruit d’une appréhension de longue date envers l’énergie nucléaire, contrairement à la France où certaines entreprises du nucléaire sont perçues comme des fleurons de l’industrie française. Pour plus d’informations sur le nucléaire en France, nous vous invitons à consulter notre article. Aussi l’Allemagne, elle, a une tendance plus grande à la décentralisation de ses industries et des responsabilités.

Enfin, la scène politique allemande priorise d’avantage les enjeux écologiques, c’est aussi pourquoi le renouvelable prend une part aussi substantielle dans les agendas politiques.

Un maître mot : efficacité

L’Allemagne est le pays le plus efficace d’Europe en termes de durée d’installation des panneaux photovoltaïques résidentiels. Une rapidité qui encourage l’investissement des particuliers comme des professionnels, alors perçu comme plus facile et moins risqué. En effet, l’une des conditions majeures pour rendre propice ce type d’investissement, c’est l’aspect facile, car c’est une démarche noble et très ambitieuse en apparence.

Ainsi, par exemple, en Allemagne, le raccordement au réseau se fait quasi instantanément.

De même, les équipements photovoltaïques sont à des prix très attractifs en Allemagne. A noter que l’Allemagne a dépassé le seuil de parité réseau. C’est le seuil à partir duquel il revient aussi cher d’acheter l’électricité issue du réseau que de la produire par ses propres moyens.

Pour conclure, le leadership allemand dans le secteur solaire s’explique par des choix à la fois politiques et économiques mêlés à un véritable souci environnemental et une certaine défiance envers le nucléaire. Ici, tout n’est que question de priorités. La France saura-t-elle avoir le même sens des priorités ?